Une Suisse zéro carbone : c’est possible…. mais il faut agir maintenant!

Exploration de pistes pour une Suisse zéro carbone, tant du point de vue de la mobilisation citoyenne que des mesures techniques et financières à mettre en place.

Jeudi 5 octobre 2023, plus de 600 personnes ont répondues présentes pour la conférence « 2050 : dernière génération ? » co-organisée par le Hub des possibles, l’université de Lausanne, l’EPFL et l’association disputons-nous.

Cette soirée à permis de débattre des options pour une Suisse zéro carbone, tant du point de vue de la mobilisation citoyenne que des mesures techniques et financières à mettre en place. Extraits.


Camille Etienne : ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux !

Pour Camille Etienne l’enjeu de la transition vers une société bas carbone est un choix de société. Et ne se construira pas sans une mobilisation de la population, en particulier des jeunes. Elle a évoqué le sentiment d’impuissance, la peur et l’engagement politique comme remède.

  • Sur le sentiment d’impuissance : «Les personnes engagées sur l’écologie sont accusées de créer de la peur chez les citoyen-ne-s et de créer ainsi une société immobile. Mais le plus souvent les gens ont peur en raison du fossé qui existe entre la compréhension de ce qu’il faudrait faire et la non-action de ceux qui ont les mains sur le pouvoir. C’est donc le sentiment d’impuissance qui fait naître une anxiété. Le sentiment que la chose publique nous échappe et que nous sommes impuissants nous aliène. Il faut se demander alors, qui est-ce que l’impuissance arrange ? L’impuissance arrange les puissants. La Boétie disait : Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux ! La solution : l’activisme. L’activisme marche et le soulèvement est possible. Il permet de retrouver une forme de puissance, avec un soulèvement par le bas, qui n’écrase pas, mais qui rend de la dignité. »
  • Sur la question de savoir s’il faut arrêter de faire des enfants en raison de la crise écologique : « Ce n’est pas du tout ma vision de la cause écologique. Même si un enfant est ce qu’on peut faire de plus polluant, il est dangereux de ne voir l’écologie que comme une question de flux, comme s’il fallait tout décarboner. Ce qu’il faut changer c’est notre manière d’être au monde. Et construire une société dans laquelle nous redéfinissons les besoins et parvenons à un temps libéré.»
  • Sur la peur : « Il faut arrêter d’avoir peur d’avoir peur. C’est une émotion normale, qui parfois est saine. Mais qui peut être transformée. Dans émotions, il y le terme de « motion », donc de mise ne mouvement. L’anxiété est l’endroit où il y a une peur sans objet. Si on fait un objet collectif de cette peur, alors on peut agir et sortir de cette peur.»

    Pour écouter Camille Etienne


David Marchal : quel que soit le scénarios retenu, il y a urgence à agir !

David Marchal, de l’agence française de la transition (l’ADEME), a présenté le rapport « Transitions 2050 » réalisé par plus de 100 expert-e-s pour penser une France Zéro carbone. Bref tour d’horizon.

  • En France, plus de 65% des énergies sont issues du pétrole, du charbon et du gaz. Et environ 15% du nucléaire. Il n’y a donc que 20% d’énergies renouvelables, non nucléaires. Le changement de cap pour arriver à une France zéro carbone en 2050 est donc immense.
  • L’ADEME a publié un rapport qui propose quatre scénarios pour atteindre cet objectif à l’horizon 2050 (https://www.ademe.fr/les-futurs-en-transition/). Ces quatre scénarios sont : génération frugale, coopération territoriale, technologies vertes, pari réparateur.
  • Quel que soit le scénario choisit, les enseignements tirés de ce rapport sont que :
    – il y a urgence à agir !
    – il faudra de la sobriété et donc des changements de comportements
    – les paris technologiques sont risqués, car la majorité des moyens technologiques envisagés pour capter le carbone n’existent pas à ce stade
    – le vivant est un des atouts principaux de la transition, y compris pour stocker du CO2
    – les scénarios sont compatibles avec une croissance économique, mais il faudra produire moins de biens et miser sur d’autres sources de richesses : des rénovations, des services, de l’économie collaborative par exemple.

Pour écouter David Marchal

Roger Nordmann : oser investir dans la transition énergétique comme l’ont fait nos grands-parents.

Pour le conseiller national Roger Nordmann, les chiffres sont clairs et montrent que nous avons les moyens financiers de la transition. Il s’agit donc de construire un consensus politique autour de investissements des vingt prochaines années.

  • En Suisse, plus de 60% des énergies proviennent des énergies fossiles.
  •  Dans certains domaines, il y a eu une diminution des émissions ces dernières années. Ce sont ceux dans lesquels des mesures ont été prises :
    – la consommation des ménages privé 
    – la consommation des industries

Dans d’autres domaines la situation s’est détériorée et les  émissions ont augmenté:
– pour les véhicules privés et commerciaux (voitures et camions)
– pour les vols en avions qui n’ont cessé de croître, mis à part une pause liés au coronavirus

Il est donc nécessaire de prendre des mesures fortes pour accélérer le changement.

  • Dans les années 50, la Suisse a investis environ 4% du PIB dans l’énergie, pour construire des grands barrages. Dans les années 75-76, le pays a investis 2% pour construire les centrales nucléaires. Depuis, les investissements dans les énergies stagnent à 0,5-0,8%. Nous devons donc réinvestir massivement dans les énergies pour permettre à la Suisse de faire sa transition énergétique. Selon R.Nordman, il faut investir 2.2% du PIB sur 25 ans, soit 430 milliards. C’est tout-à-fait possible.
  • Pour permettre la transition, et donc la réduction des émissions de CO2, il faut prendre en compte la notion de justice sociale et donc prévoir du soutien pour les populations qui ne peuvent pas financer des rénovations de leur logement, par exemple.


Pour écouter Roger Nordmann

Pour écouter le débat politique qui a suivi entre Adèle Thorens, Jean-Pierre Danthine, Julia Steinberger et Christophe Ballif: Une Suisse zéro Carbone?

Chantal Peyer, co-directrice du Hub des possibles

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